Background Vladimir

Au loin on aperçoit un colline, au pied duquel se tient un village paisible, habité par des Kitsunes. Mi-hommes mi-renards, ils vivent en harmonie avec la nature et les villages qui les entourent. Un groupe d’enfants joue dans la rivière toute proche. C’est l’été et la chaleur est accablante. La plupart des habitants sont dehors, certains aux champs, d’autres confectionnent poteries, vêtements ou autres objets utilitaires…
Le village d’ Elsun est calme… sauf dans un petite bâtisse, toute entière faite de bois, accrochée dans un arbre, à laquelle on accède par un réseau de plates-formes suspendues… Là-bas des cris retentissent, créant un bonheur tout particulier pour les deux kitsunes qui y vivent, enfin les trois à présent, car ce sont les premiers hurlements d’un nouveau-né qui trouble la paix de l’habitation…

Le couple attendri contemple le bébé qui ouvre les yeux pour la première fois. Elle cligne plusieurs fois des paupières, comme pour s’assurer que le monde qu’elle voit est bien le sien… Comme tous les hommes-renards elle est déjà pourvue d’une queue touffue et deux oreilles pointant à travers les courts cheveux roux… Finalement la nouveau-née est surprise aux milieu de ses cris par des mèches de cheveux noirs, qui sont déjà assez longues et lui barrent le front. Ses parents la regardent en souriant, les mèches noires sur un nouveau-né sont un signe de chance. Elles disparaissent avec le temps mais elles représentent un bon présage pour l’avenir de l’enfant…

Depuis ce jour treize ans sont passés.
Comme tous les Kitsunes elle n’avait pas encore de nom. Pour ce clan le nom était très important, les parents ne nommaient leur enfant que lorsque qu’un événement d’importance se produisait dans sa vie… La jeune Kitsune avait donc grandi normalement.
Mais malgré ce que l’on pensait, ses mèches sombres étaient restées et cela inquiétaient les parents de la jeune fille. Mais dès qu’on lui proposait de les couper, elle refusait catégoriquement.

Très vite, la femme-renard s’était démarquée par sa force et son agilité, et elle surpassait les enfants de son âge dans presque toutes les activités sportives. En revanche, à l’école, tous ses professeurs lui reprochaient son manque d’attention. La plupart du temps, lors des cours, quand elle y assistait, elle regardait en l‘air (l’école des Kitsunes se déroule à l‘extérieur), rêvant de parcourir le ciel, entre les nuages d’un blanc immaculés.
Le reste du temps elle se baladait dans la forêt, seule. Elle courait parmi les arbres, se baignant dans l’eau claire, écoutant les oiseaux et jouant avec les biches… Et elle s’endormait souvent aux pieds de chênes immenses.

Un soir c’est ce qu’elle fit. Quand elle se réveilla, elle n’entendit pas les chants des chouettes, ni le bruit des souris courant dans l‘herbe. Elle bailla longuement et s’étira tranquillement, enroulant plusieurs fois sa queue autour de son corps. Une fois ce petit rituel matinal effectué, elle se leva et observa le ciel. Des nuages cachaient la lune, elle ne put donc pas connaître le niveau d’avancement de la nuit.
La Kitsune s’élança à travers la forêt… Cela lui cachait la lune qui, peu à peu était sortie de sa cachette, dévoilant une face rouge, luisant dans la nuit, glaçant de terreur les animaux qui l’observaient… Beaucoup de sang avait ou allait couler… Mais, inconsciente de l’œil rouge brillant dans son dos, la jeune fille continua sa course en direction de son village.

Elle commença à gravir la colline, rapidement à court de souffle elle marqua une pause à mi-chemin et en profita pour prendre une grande inspiration…soudain son nez l’avertit d’une odeur nouvelle dans l’air nocturne, elle ne sut pas discerner laquelle mais, pris d’un mauvais pressentiment elle se rua vers le sommet de la colline…Quand elle arriva en haut elle resta pétrifié, glacée d’horreur, le son cessa de parvenir à se oreilles, elle n’entendait plus rien, sourde et aveugle, il lui restait seulement une mince parcelle de sa vue habituellement si aiguisée, elle ne voyait que, droit devant elle, énormes langues de feu dévorant le ciel le feu brûler son village natal, tout était en proie au flammes… implacables et dures elles exécutaient leur œuvre destructrice…Soudain le bruit revint à ses oreilles, la Kitsune sembla reprendre connaissance… elle descendit la pente, en quelques secondes elle était en bas, elle se rua à travers les dédales des ruelles qu’elle avait tellement parcourut dans son enfance, le toit de sa maison se profila parmi les flammes, le bois brûlait dans de sinistres craquement et un pan de mur s’était déjà écroulé… elle bondit sur l’échelle qui l’y menait et grimpa, sautant la moitié des échelons elle parvint rapidement à la porte qu’elle enfonça d’un coup d’épaule, une fois à l’intérieur elle appela ses parents à vive voix, hurlant leurs noms qui résonnèrent longuement dans le village désert…La jeune fille fouilla sa maison, elle ne sentait pas la morsure brûlante des flammes mais, par endroit la fourrure de sa queue virait au noir, elle soulevait toutes les couvertures, renversait tous les meubles, en vain…elle ressortit de la battisse en flamme, parcourut tout le village, le feu gagnait du terrain, il s’insinuait dans chaque maison, chaque bâtiment…la Kitsune se rendit à peine compte qu’elle arrivait à la place centrale d’Elsun, et c’est là qu’elle les vit, des corps, des dizaines de corps…des cadavres ensanglantés jonchaient la place, tel un autel macabre les Kitsunes morts avaient été jetés en tas, formant un monticule de chair et de sang…cette vision la rendit presque folle de dégoût, parmi les cadavres elle reconnu des enfants avec qui elle jouait depuis son plus jeune age, elle fit un effort démesuré pour se contrôler, elle plaça sa queue devant son nez, empêchant l’odeur de putréfaction de lui parvenir et s’approcha des cadavres, sur plusieurs d’entre eux elle aperçut, parmi les traces de brûlures de longues traînées sanglante, aucun doute, seuls des coups d’épée auraient put laisser des marques pareil. Elle eut peur, peur de l’ennemi inconnu qui avait assassiner son clan, peur de mourir, peur de rejoindre les sien dans l’au-delà…prise d’une soudaine impulsion elle attrapa le premier cadavre, le poussa sur le coté, s’attelant à la tâche elle déblaya les corps, cherchant quelque chose, enfin, plutôt quelqu’un, quelqu’un que, plus que tout au monde elle ne souhaitait pas voir ici…elle s’arrêta…ce qu’elle craignait le plus depuis qu’elle avait vu les flammes dévorer son village c’était bien produit…elle en avait la preuve devant elle…Une Kitsune ouvrait des yeux sans vie, de longues boucles brunes lui retombaient sur le visage, celui figé dans un dernier rictus de souffrance et de terreur…juste à coté un Kitsune dont elle n’avait connu le visage que sous un jour paisible, son corps était couvert de coup de sabre et la fourrure de sa queue totalement roussie…tout les deux se tenaient la main, la jeune Kitsune remarqua un bout de papier, coincé entre leurs paumes celui-ci avait échappé aux flammes…elle le saisit, il était orange, fabriqué à partir des poils du couple, quand elle le déroula un seul mot se dévoila, le sang des morts brilla sur le parchemin, la Kitsune savait ce que cela signifiait, c’était ce parchemin qui servait à donner son nom à un enfant, aussitôt après l’avoir reçu celui-ci était considéré comme un adulte…une larme roula sur la joue de la fille, ses parents n’auraient pas put choisir de meilleur jour, effectivement cette nuit marquerait à jamais la vie de la Kitsune qui jura à cet instant de se venger des monstres qui avaient osé non seulement battre les siens à coup d’épée et certainement également mis le feu à son village natal…elle regarda le bout de papier pour voir son nom quand un bruit retentit dans son dos. Elle se retourna et bondit sur le coté, ce réflexe lui sauva la vie, une énorme hache à double tranchant s’écrasa à l’endroit ou elle se tenait quelques secondes auparavant, la Kitsune eut le temps de voir son adversaire, il était bien plus grand qu’elle, il devait bien atteindre les deux mètres, tout chez lui regorgeait de cruauté, sa peau rugueuse et verdâtre laissait apparaître des muscles hors du commun, et les yeux noirs de la créature ne laissait aucun doute sur sa nature, c’était un orc, fort et idiot les Kitsunes le redoutait mais la survivante n’eut pas le temps de pousser son analyse, l’orc releva son immense massue, grande comme un homme elle descendit vers la tête de la jeune fille, avec une force bestial l’orc l’abattit sur elle, enfin c’est-ce qu’il crut jusqu’à ce que, une fois le nuage de poussière retombé il reçut un coup de pied sur la mâchoire, son adversaire se trouvait là, bien campée sur ses jambes elle défiait la créature du regard. Soudain empreint d’un calme et d’une détermination à toute épreuve la Kitsune attira l’orc vers elle, celui-ci, aussi bête que sa réputation le laissait supposer s ‘élança vers elle sans se méfier, elle le vit arriva mais ne cilla pas, se préparant au choc…quand l’orc fut assez prêt pour qu’elle puisse sentir sa puanteur et entendre son souffle rauque elle passa à l’action, elle s’écroula et alors que l’orc allait lancer son attaque elle roula sur le coté, attrapant une lance au vol sur l’un des corps elle se remit à genoux et banda ses muscles pour la rencontre…elle perçut un choc énorme, tout son corps trembla et elle chancela…tout à son attaque l’orc venait de s’empaler lui-même sur l’arme qu’elle tenait, elle donna un bon coup d’épaule et la créature roula sur le coté, mort…la vainqueur se releva, encore tremblante et s’approcha de la masse énorme, même sans vie l’orc restait très impressionnant, pour plus de sécurité elle le contourna mais ne se redirigea pas vers ses parents défunts. Lançant le carnage au loin la Kitsune sortit du village, derrière elle la porte principale s’écroula…le village brûla jusqu’à l’aube et toute la nuit la dernière survivante du village d’Elsun regarda les braises rougeoyées, jurant sur les habitants défunts qu’elle vengerait leur mort, certes les orcs étaient des adversaires redoutables mais pas assez autonomes pour attaquer le village seuls, ils n’étaient certainement que les soldats, son véritable ennemi tirait encore les rênes dans l’ombre, c’est lui qu’elle devrait détruire…

Elle se leva, tournant le dos aux cendres, et se murmurant dans sa tête les même parole, son nom…
…Vladimir…Vladimir…Vladimir…Vladimir…Vladimir…